Quesnay and Le Despotisme de la Chine: the Economy of a Political Stance

Pablo E. Rodriguez

Beginning of the article

Pour François Quesnay, la Chine est la matrice à partir de laquelle il formule sa pensée politique, en décrivant à la fois ses influences philosophiques et en mettant au cœur de sa réflexion la discipline économique.

C’est ce que reflète, au printemps 1767, la publication de Despotisme de la Chine dans les Éphémérides du Citoyen. Alors que des contemporains comme Montesquieu ou Rousseau réfléchissent à la modernité politique à travers des régimes possibles comme la démocratie, l’aristocratie ou la république, qu’ils empruntent leurs exemples à la Corse, à la Pologne ou à la Perse, Quesnay répond à ces postures par un plaidoyer pour une forme de despotisme fondée sur la loi naturelle. Souvent appelée « despotisme légitime », cette conception politique associée aux physiocrates, voudrait faire du souverain la clé de voute d’un système où la rationalité domine les passions individuelles grâce au bon gouvernement économique. L’économie fonde le politique et, pour ce faire, elle doit s’appuyer sur une forme d’organisation dans laquelle des mesures politiques qui s’imposent puissent être adoptées sans entrave d’aucune sorte. Il est nécessaire de recourir à un despote qui puise sa légitimité dans des lois et réalise ses actions de façon éclairée, bref, selon Quesnay, un empereur chinois.

Pour étayer cette thèse et prouver le bien-fondé de la forme de gouvernement qu’il propose, Quesnay fait de la Chine la pièce maîtresse de son argumentation. Elle se pose en tant que miroir et exemple pour l’Europe…

Abstract

This paper proposes a critical reading of Despotism in China, a rich but less well-commented argumentative text in which Quesnay explicitly presents his political theory. By analyzing Despotism in China, I give support to three main arguments. First, I show to what extent this text embodies Quesnay’s thought (and, broadly speaking, the physiocrats’ thought). Second, I highlight that economics as an activity, a field, and even a science, lies at the heart of Quesnay’s political philosophy. Third, I indicate that, according to Quesnay, the understanding of economics mechanisms corresponds to a close observation of reality, which consists in bringing together the positive law (politics based on economics) and the natural law (what is and what should be). At the core of these three arguments lies a serious consideration of Quesnay’s re-presentation of China. Far from being a mere example to illustrate its arguments, China is conceived as way to see, to reveal, and to grasp a thought (physiocracy), a discipline (economics), and its reach (science and politics).

Plan

  • Introduction
  • Une grande fresque de la Chine
    1. Présentation générale de la Chine : exemple et miroir
    2. L’économie de l’empire chinois
    3. Le pouvoir politique en Chine
  • Influences et résonances
    1. Un texte propre de son temps
    2. Les influences philosophiques de la physiocratie
    3. Un texte en dialogue avec d’autres conceptions philosophiques
  • Un texte qui incarne la pensée des physiocrates
    1. Agriculture, marché, économie
    2. Un gouvernement fort
    3. L’ordre naturel des choses
  • Conclusion

Key Words


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